L'amie de madame Maigret by Simenon Georges

L'amie de madame Maigret by Simenon Georges

Auteur:Simenon, Georges [Simenon, Georges]
La langue: fra
Format: epub
Tags: Policier
ISBN: 9782253142256
Éditeur: Le livre de poche, Policier
Publié: 1950-05-16T22:00:00+00:00


6

Le bateau-lavoir du Vert-Galant

Maigret poussait la porte tournante, découvrait les guirlandes de lumières des Champs-Élysées qui, sous la pluie, l’avaient toujours fait penser à des regards mouillés ; il se disposait à descendre à pied vers le rond-point quand il fronça les sourcils. Debout contre le tronc d’un arbre, non loin d’une marchande de fleurs qui se protégeait de la pluie, Janvier le regardait, piteux, comique, avec l’air de vouloir lui faire comprendre quelque chose.

Il alla vers lui.

— Qu’est-ce que tu fabriques ici ?

L’inspecteur lui désigna une silhouette se dessinant devant une des rares vitrines éclairées. C’était Alfonsi, qui paraissait profondément intéressé par un étalage de malles.

— Il vous suit. De sorte qu’il se fait que je vous suis aussi.

— Il a vu Liotard, après la visite rue de Turenne ?

— Non. Il lui a téléphoné.

— Laisse tomber. Tu veux que je te dépose chez toi ?

Janvier habitait presque sur son chemin, rue Réaumur.

Alfonsi les regarda partir tous les deux, parut surpris, dérouté, puis, comme Maigret hélait un taxi, se décida à faire demi-tour et s’éloigna en direction de l’Étoile.

— Du nouveau ?

— En vrac. Presque trop.

— Je m’occupe encore d’Alfonsi, demain matin ?

— Non. Passe au bureau. Il y aura probablement du travail pour tout le monde.

Quand l’inspecteur fut descendu, Maigret dit au chauffeur :

— Passez par la rue de Turenne.

Il n’était pas tard. Il espérait vaguement qu’il verrait de la lumière chez le relieur. Cela aurait été le moment idéal pour bavarder longuement avec Fernande, comme il avait depuis longtemps envie de le faire.

À cause d’un reflet sur la vitre, il descendit de voiture, mais constata que tout était obscur à l’intérieur, hésita à frapper, repartit en direction du quai des Orfèvres où Torrence était de garde et il lui donna des instructions.

Mme Maigret venait de se coucher quand il rentra sur la pointe des pieds. Comme il se déshabillait dans l’obscurité, pour ne pas l’éveiller, elle lui demanda :

— Le chapeau ?

— Il a effectivement été acheté par la comtesse Panetti.

— Tu l’as vue ?

— Non. Mais elle a environ soixante-quinze ans.

Il se coucha, de mauvaise humeur, ou préoccupé, et il pleuvait toujours quand il s’éveilla, puis il se coupa en se rasant.

— Tu continues ton enquête ? demanda-t-il à sa femme, qui, en bigoudis, lui servait son petit déjeuner.

— J’ai autre chose à faire ? s’informa-t-elle sérieusement.

— Je ne sais pas. Maintenant que tu as commence…

Il acheta son journal au coin du boulevard Voltaire, n’y trouva aucune nouvelle déclaration de Philippe Liotard, aucun nouveau défi. Le concierge de nuit du Claridge avait été discret, car on ne parlait pas non plus de la comtesse.

Là-bas, au Quai, Lucas, en relayant Torrence, avait reçu ses instructions, et la machine fonctionnait ; on cherchait maintenant la comtesse italienne sur la Côte d’Azur et dans les capitales étrangères, en même temps qu’on s’intéressait au dénommé Krynker et à la femme de chambre.

Sur la plate-forme de l’autobus entourée de pluie fine, un voyageur lisait son journal en face de lui, et ce journal portait un titre qui fit rêver le commissaire.



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